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faibles de leur ennemi. Ils prirent donc la peine d’examiner cette proposition romanesque, — et ils l’adoptèrent. Sans doute le chef morbihannais leur en exposa-t-il les avantages avec la foi chaleureuse dont sa nature ardente débordait : l’un de ses partisans l’entendit développer son programme du ton d’un homme sûr du succès, et grisé déjà à l’idée d’être en pleine action. « Quand nous serons tous à Paris, disait-il, nous attaquerons Bonaparte à Saint-Cloud… Un détachement, au même moment, s’emparera de Murat, gouverneur de Paris ; d’autres parcourront les rues… au cri de Vive le Roi ! et jetteront à droite et à gauche de l’argent avec profusion. Dans cet intervalle, le Sénat s’assemblera où plusieurs généraux se rendront ; et là nous proclamerons Louis XVIII en conservant simplement les choses dans l’état où elles sont. Dans la nuit, nous organiserons la garde nationale… » Comme son interlocuteur lui demandait : « Les princes français seront-ils avec vous ? — Je vous jure, protesta Georges, sur ma parole la plus sacrée, que vous y verrez S. A. R. Monsieur, S. A. R. le Duc d’Angoulême, S. A. R. le Duc de Berry, S. A. S. le Duc d’Enghien, les généraux Pichegru, Moreau et tous, comme vous et moi, le sabre à la main, ou je ne suis pas un honnête homme… »

Il croyait, lui, au succès, sûr de lui-même et de ses chouans ; son erreur était d’imaginer qu’il trouverait pareille abnégation et pareil zèle chez