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dîner et leur adressa une harangue que l’un d’eux a recueillie : il leur prédit que Bonaparte usurperait le trône : « Je crois, cependant, qu’avec une poignée de braves on pourrait encore rendre quelques services à nos malheureux Princes… Je vous jure, foi de Georges, que si tout ce que nous sommes seulement ici de royalistes était aussi bien à Paris, je n’hésiterais pas un instant à tenter l’entreprise… » Il but à la santé de Louis XVIII ; et comme l’un des convives lui observait que ce serait là risquer la guillotine « Eh bien ! reprit Georges, avec ce regard qui plonge sans peur dans l’avenir, si le destin le veut ainsi, je laisse à la Providence divine ses décrets et j’attendrai mon sort avec courage et sans murmure. »

Il habitait alors à deux lieues de Londres, « afin d’être moins observé », et il tenait chez lui « de nombreux conciliabules », au dire de l’un des espions de l’ambassadeur de France à Londres. Wyndham, qu’il voyait de temps à autre, a noté l’impression qu’il gardait de ces visites : « Georges a le maintien, la voix et l’aspect d’un rustre ; mais il possède cette aisance et cette assurance naturelles qui sont la marque d’un esprit supérieur ; de tous ceux que j’ai vus engagés dans les affaires royalistes, c’est lui qui me donne le plus la sensation qu’il est né pour devenir grand. »