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l’aide de quelques braves volontaires, il l’attaquera au milieu de sa garde, aux portes mêmes de son palais. Déjà, en prévision de cette téméraire entreprise, il a, quelques jours avant de quitter la Bretagne, expédié à Paris plusieurs de ses hommes, décidés à tout pour sortir de leur désastreuse situation. La police en fut vite informée ; dès le 30 avril, Fouché évaluait à quarante le nombre de ces stipendiés, « tous fameux par leur dévouement à tous les crimes », et il prêtait à Georges ce propos : « Il y a, à Paris, des bons bougres à moi, et quelque précaution que Bonaparte prenne, on me l’amènera lié et garrotté. »

Tel était, en effet, le plan que mûrissait le hardi Breton : ce n’était pas une nouveauté, car, quelques mois auparavant, une bande de chouans avait enlevé, dans son château des environs de Tours, le sénateur Clément de Ris et l’avait si bien recélé dans la cave d’une ferme isolée que, si ses ravisseurs eux-mêmes n’eussent consenti à révéler sa retraite, ledit sénateur aurait passé dans ce souterrain toute sa vie sans que les paysans auxquels il était confié fussent le moins du monde attendris par ses doléances. L’affaire avait ému et, — sauf Clément de Ris et sa famille, — amusé toute la France. Il n’y avait point de doute que le souvenir de cette aventure séduisît le fanatique royalisme de Georges et l’incitât à renouveler l’expérience sur le petit Corse qui