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la prudence diplomatique et la précoce maturité d’esprit. Mercier ne put partir et fut remplacé par Saint-Régent, soldat héroïque mais tête folle et que Paris acheva de déséquilibrer. L’objet de sa mission consistait à tâter l’opinion, à grouper les partisans actifs de la royauté, et à préparer « le grand coup » ajourné jusqu’à l’heure le Prince qu’on espérait toujours se déciderait à débarquer en France.

Saint-Régent fut rejoint à Paris par Limoëlan, l’un des chefs des légions bretonnes, puis par d’autres jeunes royalistes, pacifiés ou amnistiés. Ils vivaient pour la plupart dans la dissipation et Saint-Régent lui-même, bien muni d’argent, oubliait dans les plaisirs faciles la tâche qu’il avait assumée. Comme il n’arrivait à rien, harcelé par les remontrances de Georges qui, au fond de la Bretagne, trépignait de ses lenteurs, il résolut de regagner le temps perdu en brusquant le dénouement : l’idée d’un tonneau de poudre éclatant sur le passage du Premier Consul, était, comme on dit, « dans l’air » : on venait de découvrir un engin de ce genre chez un chimiste nommé Chevalier. Saint-Régent ne chercha pas plus loin, et, bien que Limoëlan, à qui ce procédé faisait horreur, s’efforçât de l’en détourner, il prépara en quelques jours sa machine meurtrière. On sait le reste.

En apprenant l’affreux événement, Georges