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de la remonte à l’armée de Georges où ses deux frères servaient encore. Il ne lui restait rien d’une assez belle fortune ; soit besoin, soit ambition, il se vendit à la police et devint l’ami de Desmarest, chef du service politique secret. Comme il voyait assez souvent ses anciens camarades de guerre, Limoëlan et Saint-Régent, depuis que ceux-ci, sur l’ordre de Georges, séjournaient à Paris, il les moucharda ; ce dont le dit Saint-Régent, aussitôt avisé par ses mystérieux affidés du ministère, avertit Georges sans tarder. Quand Duchâtellier passa par Rennes, où habitaient sa femme et sa petite fille, ordre était déjà donné de fusiller ce renégat s’il avait l’audace de se présenter, en faux ami, au quartier général. Il n’y manqua point, — et l’on n’entendit plus parler de lui. On croit qu’il fut exécuté dans le bois d’Elven par Joseph Gambert, surnommé Jupiter, l’un des lieutenants de Georges.

Pour Duchâtellier, non plus que pour Antoine de B…, aucune hésitation n’est permise. Mme  Duchâtellier, dans l’espoir d’obtenir de l’argent, s’était elle-même fait gloire de la félonie de son époux : « C’est lui, écrit-elle au ministre, qui vous avait instruit de l’arrivée à Paris de Limoëlan et de Saint-Régent. Il était allé rejoindre Georges dans l’intention de fournir les moyens de le saisir… » Et elle réclame 12.000 francs de récompense. Est-ce Duchâtellier ou un autre dont il est question dans cette lettre