elle écrivait : « Sire, vous voyez à vos pieds la veuve d’un de vos sujets mort pour le service de votre Majesté. Chargé d’une mission contre Georges, mon mari a été poignardé par ce rebelle… » Et, en marge de cet aveu, Desmarest, ou quelque autre, transmettant la requête au ministre, précisait confidentiellement : « M. B… a été effectivement assassiné par ordre de Georges en remplissant dans l’Ouest une mission que le gouvernement lui avait confiée. » C’est le dernier mot du tragique épisode ; si quelque doute subsiste sur la complicité agissante de Laisné, on n’en peut conserver aucun sur l’infamie de B… Il était bien de ces traîtres dépêchés par Fouché à Georges. Le sommaire verdict du terrible Breton n’a point frappé à faux.
La police consulaire en avait engagé bien d’autres. Par quelles contraintes morales, quels sévices, quelles menaces, quelles trompeuses promesses, les tortionnaires stylés par Fouché parvenaient-ils à asservir d’anciens royalistes, naufragés de la vie et poussés à la dérive par le désastre de leur parti ? On le sait par ceux qui résistèrent au satanique tentateur ; ceux qu’il parvint à enrôler parmi ses assassins n’eurent pas d’histoire : à peine un nom, un pseudonyme, apparaissent-ils dans les dossiers.
Ainsi, à peu près à la même date qu’Antoine de B…, partait de Paris, avec une mission semblable, un certain Duchâtellier, naguère chargé