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Durant des années, la famille d’Antoine de B… et celle du jeune pharmacien, Laisné, intercédèrent pour obtenir une certitude sur le sort des deux disparus : le dossier de l’affaire contient nombre de leurs requêtes et l’on y trouve aussi en « minutes » les réponses des acolytes de Fouché ; par un mot permettant de soupçonner que le ministère connaisse la raison du tragique voyage ; il apporte le plus grand empressement à découvrir les causes et les circonstances de la disparition du gentilhomme et de son compagnon de route. La comédie fut si bien jouée que, quatorze ans plus tard, les parents du jeune Laisné suppliaient Louis XVIII, remonté sur le trône, de faire rechercher si leur fils, « arrêté par erreur au temps lointain du Consulat de Bonaparte », n’était pas oublié dans quelque bastille d’État.

L’infortunée Clotilde Bodard, la maîtresse d’Antoine de B…, restée dans la misère avec deux enfants, — le second naquit six mois après la disparition du père, — implora longtemps un secours qu’elle ne paraît pas avoir obtenu. Quoique n’étant pas légalement l’épouse d’Antoine, elle signait Veuve B… et la noble famille de son amant la repoussait. La pauvre femme, ayant épuisé toutes ses ressources, conjurait en 1806, l’Empereur de lui accorder une pension, et l’une de ses suppliques dévoile tout le secret du drame. Elle savait, elle, et