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presque seul et n’y recevait que son entourage intime : son frère Julien, l’abbé Guillevic, Picot, dit Pierrot, ancien domestique de Saint-Régent, passé au service du général depuis que son premier maître était à Paris : c’était un petit homme, très laid, très noir, très gravé de petite vérole ; il portait habituellement une veste de chasse, un pantalon de couleur verte et un gilet rouge. La tradition cite encore une servante très sûre, nommée Julienne, « connue dans le parti sous le sobriquet de Madame Jordonne ». C’est, sans doute, en raison de la sécurité de cet asile rustique, que Georges, vers cette époque, ajoutait à la liste de ses nombreux pseudonymes celui de Gardé. Il était, en effet, à l’Île du Bonheur, bien gardé et par la nature et par la discrétion des quelques initiés toujours instruits de ses déplacements. Il s’y sentait en parfaite sécurité, même contre les tentatives les plus sournoises. Ayant reçu communication d’une lettre de Fouché, écrivant au préfet du Morbihan : « N’ayez aucune inquiétude sur le compte de Georges ; j’ai pris des mesures telles qu’il est impossible qu’il m’échappe », Georges, se souvenant de son latin du collège Saint-Yves, apostilla cette dépêche d’un Videbitur infrà, qui peut se traduire, à peu près, par : on verra bien !

Le commissaire Charron ayant déclaré impraticable l’attaque de l’Île du Bonheur, il fallut