Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce n’est pas sans peine, d’ailleurs, que Fouché recruta les hommes dont il avait besoin. L’histoire de leurs tentatives demeure mystérieuse sur nombre de points et c’est dans les ténèbres qu’il faut glaner pour en recueillir, à tâtons, quelques incidents. Le premier dont on a mention est un certain César Papin, « ci-devant noble », d’après une note d’archives ; il vivait en pension chez l’aubergiste Delisle, à Vannes, avec Julien Berthelot, ancien officier dans la cavalerie des chouans. Dès juillet 1800, ils ont offert leurs services à Bernadotte qui les a munis d’un sauf-conduit ; mais leur situation est des plus louches. Hésitent-ils ? Sont-ils pris de peur ou cherchent-ils seulement à soutirer de l’argent aux deux partis ? Le fait est qu’on se méfie d’eux dans l’un et l’autre camp. L’abbé Guillevic, l’aumônier de Georges, les subventionne ; Bernadotte aussi ; Mercier-la-Vendée lui-même est dupe. Mais Georges a de la méfiance : il fait signifier à Papin qu’il ait à cesser de parcourir le pays, qu’il rentre chez lui et n’en sorte plus ; on lui fit même savoir « qu’il y avait ordre de lui courir sus s’il mettait le pied dans la campagne et il savait que ces injonctions ne se donnaient jamais en pure perte ». Papin se le tint pour dit : en décembre, il était toujours chez l’aubergiste Delisle, et les bleus le soupçonnaient fort d’être un espion des chouans. On n’entendit plus parler de lui ;