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Avant même de partir pour l’Italie, alors que son puissant cerveau roule un monde de projets quasi irréalisables et de combinaisons qui touchent au fantasque, l’un des derniers ordres qu’il a donnés fut celui d’arrêter Georges qui était alors en Angleterre ; lorsqu’il en revint, au début de juin, l’ordre est réitéré ; car, même aux prises avec l’Autriche, à la veille du grand coup qu’il médite, Bonaparte est encore obsédé, — presque superstitieusement, — par le souvenir du terrible Breton : le 4 juin, de Milan, entre une cérémonie à la cathédrale et une représentation au théâtre de la Scala, il écrit : « Prenez mort ou vif ce coquin de Georges ; si vous le tenez, faites-le fusiller dans les vingt-quatre heures. » Mais Fouché et Bernadotte temporisent ; le téméraire Consul ne va-t-il pas perdre la partie qu’il joue au delà des monts ? Ils ne se pressent pas d’obéir ; il ne faut pas se brouiller avec le parti royaliste que peut-être on flagornera demain. « Attendez, dit Fouché, à ceux qui cherchent le vent ; point de légèreté, point d’imprudence, point de propos envenimés ni rien d’hostile… » Marengo change tout : le zèle du même Fouché est subitement acquis au vainqueur que, vaincu, il s’apprêtait à trahir, voire à remplacer.

Bonaparte, qui a tout deviné des félonies et des perfidies qui l’entourent, profite de sa victoire pour parler en maître : il est rentré le