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coup sûr, est partiale et arbitraire, on ne peut juger Leverd que par ses actes. Or, certainement, il déteste et méprise sa sœur, quittée jadis dans les conditions que l’on sait, et retrouvée, après quarante ans, grande dame hautaine et dédaigneuse. À sa prière elle lui a fait aumône de quelques secours : premier grief. Il attire Normont chez lui et sermonne sa fille qui répugne peut-être à cajoler ce quasi quinquagénaire privé d’un œil et criblé par la petite vérole, — à moins que, séduite par la perspective d’être comtesse, elle ne suive docilement la tactique soufflée par son père. Il y va du sort de toute la famille. Leverd, en aventurier entreprenant, se voit déjà nippé, logé, meublé, servi comme sa sœur. Il croit trouver en celle-ci une alliée ; elle s’oppose au mariage et ne cède que contrainte ; d’où rancunes. Mais il a jeté le grappin sur Normont ; quelques services, habilement rendus, lui ont valu la confiance du gentilhomme qui lui a remis une procuration générale dont s’arrange sa nonchalance.