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étaient menacés sa vie, sa réputation, son honneur. Quelles calomnies ne pourra, en effet, inventer cette folle qui prend ses visions pour des réalités et dont la vésanie consiste à confondre ses imaginations perverses avec des faits certains. Ainsi parée, aux yeux de ses intimes, contre les révélations que les mauvais traitements pourraient arracher à Babet, madame de Mellertz poursuivit son œuvre en sécurité.

Cette rapide esquisse de l’intérieur des Normont resterait incomplète si l’on ne s’arrêtait un peu pour tenter de pénétrer la psychologie des personnages en scène. Pour Charles de Normont, le peu que l’on sait de lui suffit à le juger sans caractère, sans délicatesse, sans fierté, sans pudeur. Sa nullité est telle qu’il ne conçoit pas d’autres joies que la fréquentation de souillons complaisantes, Margots de cuisines ou d’estaminets, Gothons de tous genres. Quelqu’un disait : — « Si toutes celles qu’il a connues se tenaient par la main, il y en aurait depuis Choisy jusqu’à Paris. » Il ne prend aucune