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motif la satisfaction et la reconnaissance que le mari éprouve des bons procédés que la comtesse sa femme n’a cessé d’avoir pour lui. Jamais Babet ne devait voir un écu de ce revenu supplémentaire, Normont s’étant réservé l’usufruit du domaine qu’il concédait ; le seul but de cette libéralité illusoire était d’endormir la rancune de sa femme et d’obtenir son silence.

Pourtant la hantise de ce qu’elle avait vu la poursuivait ; elle n’abordait plus sa tante qu’avec répulsion ; mielleuse et attentionnée, madame de Mellertz affectait de compatir à la sombre humeur de Babet et, dans le monde, insinuait qu’elle était bien inquiète de la santé de cette pauvre enfant dont le dérangement d’esprit s’aggravait. Elle avait pris une nouvelle femme de chambre, Julie Jacquemin, dont le nom va reparaître souvent par la suite de cette histoire. Julie était une petite femme, sèche, d’allures masculines ; elle sortait de chez un logeur à la nuit où, pour servir les clients, elle s’habillait souvent en homme…