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s’évanouit, tombe au bas des degrés. On la relève sans connaissance ; on la porte dans l’appartement de son mari ; on la couche. Le médecin aussitôt appelé constate des mouvements convulsifs, des contorsions aux reins et aux jambes. On lui expose que la malade, « sujette à des visions imaginaires », est tombée dans l’escalier au cours d’une crise de démence. Le docteur ordonne des calmants, du repos. La tante s’empresse, paraît très émue ; le mari semble bouleversé. Quelles braves gens, et comme cette jeune femme est aimée !

Elle ne dit mot ; elle pense. Elle connaît maintenant la raison de la domination qu’exerce l’horrible femme. Cette emprise sur Normont doit dater de loin, de la mort du feu comte, sans doute ; d’avant, peut-être… Babet s’explique leur vie commune durant l’émigration : Charles avait alors trente-cinq ans, sa compagne comptait seulement dix à douze ans de plus ; depuis lors, la différence d’âge s’est accentuée ; mais d’anciennes habitudes leur masquent ce