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pour voir si on la reconnaîtrait » ; tantôt elle revêtait le gros chien de basse-cour d’un jupon et d’un caraco et le lâchait dans le jardin. Le chat devenait parfois sa victime : elle lui avait fait une robe et un petit chapeau rose dont elle l’affublait ; elle le chaussait de coquilles de noix et riait bruyamment des attitudes que prenait l’animal empêtré de cet accoutrement. Elle l’enfermait aussi dans une cage qu’elle pendait à la porte et se cachait pour s’amuser de la surprise que causait aux visiteurs l’apparition de cette bête encagée. Une de ses manies favorites était de monter sur le dos de la femme de chambre ou de la prendre sur le sien et de parcourir ainsi, avec de grands éclats de joie, la cour et le jardin de la maison.

Mais ce n’étaient là que des vétilles dont la rigide madame de Mellertz déplorait la trivialité ; une autre manifestation de l’état maladif de sa nièce lui paraissait plus inquiétante ; certaines nuits, et presque toujours après quelque débat domestique, la jeune femme se réveillait en sursaut, se jetait,