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fixant les hommes et s’attirant des provocations dont elle rit à pleine gorge… »

Ainsi parle l’excellente femme, d’un air découragé, avec de gros soupirs et des larmes au coin des yeux. On la sait si bonne, si dévouée aux Normont, que nul ne met en doute ses pénibles confidences ; d’autant plus qu’elle s’accuse elle-même du mauvais succès de ses efforts : elle est trop vieille ; elle est d’un autre temps ; se montre-t-elle trop sérieuse, trop sévère ? Ce qui l’attriste le plus c’est que, à l’en croire, toute causerie avec son indomptable nièce dégénère en querelle : celle-ci « envoi promener » sa grondeuse régente et court à l’office où, par les propos les plus insultants sur sa tante, elle se soulage de la contrainte imposée : — « une belle éducatrice, une femme entretenue, la maîtresse du feu comte de Normont ! » Les domestiques en rougissent, madame de Mellertz en pleure ; ses invités compatissent au chagrin de leur digne amie et s’accordent à la dire « bien éprouvée ». Ce qui les confond, c’est que Babet