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elle sert de mère à Babet ; une mère vigilante se comporte ainsi avec sa fille. » Par la connivence de ce nonchalant époux, sa femme est, en peu de jours, sous couleur d’éducation, réduite au rang d’une domestique, d’une femme d’ouvrage, dont elle remplit l’office auprès de sa persécutrice. Jamais elle ne reçoit, pour ses dépenses personnelles, un louis ou une pièce blanche ; c’est la Mellertz qui tient les cordons de la bourse, et serrés ; c’est elle aussi qui règle l’habillement de Babet dont la garde-robe se compose seulement des défroques démodées dont son avaricieuse parente débarrasse ses armoires. Tous les jours, hiver comme été, il faut que la jeune comtesse soit debout à cinq heures du matin ; qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il tonne, elle va aux provisions à la Halle et, au retour, « on la querelle avec dédain et dureté sur la qualité et le prix de ses achats ». De tout le jour elle ne doit point paraître au salon ; sa tournure gauche, sa timidité, la pauvreté de sa conversation humilient sa