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écouter dans la bonne société. Alors commence pour la jeune femme une vie d’esclavage, celle d’une captive chez des ennemis brutaux et méprisants. S’il lui arrive de dire, en s’adressant à Normont, mon ami, elle est vertement rabrouée : ça ne se fait pas dans le monde, et madame de Mellertz seule a le droit de donner au gentilhomme ce titre affectueux. Pour toute la maison, même pour les domestiques, elle ne sera que Babet, l’intruse qu’on supporte par contrainte sans lui dissimuler que sa présence est une gêne et un scandale. Oublie-t-elle donc d’où elle sort ? Ne se souvient-elle pas que M. le comte de Normont l’a trouvée « en sabots, vendant du poivre dans une petite boutique » ; qu’elle n’était pas faite pour épouser un tel homme, mais pour le servir. Si la malheureuse, retenant ses larmes, — on ne pleure pas chez les gens « comme il faut », — coule un regard vers son mari, espérant qu’il prendra sa défense, celui-ci approuve hautement madame de Mellertz : — « Cela doit être comme cela ;