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l’aurait allègrement abandonnée pour courir la prétentaine avec la fraîche Élisabeth. Sans doute, la Mellertz, obligée de céder pour ne pas tout perdre, avait défendu avec acharnement la fortune qu’elle s’était lentement appropriée ; mais c’était sa prépondérance, sa considération qu’elle sentait menacées, et elle se préparait, pour les récupérer, à une lutte d’une barbarie et d’une sournoiserie telles que les annales judiciaires n’en présentent pas d’autre exemple.

Dès le premier repas pris en commun, elle annonça, d’un ton rogue, qu’elle demeurait la maîtresse comme par le passé, qu’elle conserverait tous ses droits, que telle était sa volonté et qu’il fallait s’y conformer. La pauvre Babet, — ainsi la Mellertz désignait-elle dédaigneusement la nouvelle comtesse de Normont, — fut placée au bas bout de la table, avec défense de prononcer un mot sans y être invitée, et réprimandes réitérées sur ses manières vulgaires et son ignorance impardonnable de la façon dont on doit se tenir, manger, se taire et