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habitudes contractées depuis quarante ans, déshabilla Charles de Normont, se mêla de sa toilette de nuit comme elle l’eût fait pour un enfant, lui passa la chemise, le mit au lit, le borda et l’embrassa avec émotion. Le lendemain matin la jeune comtesse ne fut pas moins étonnée d’être réveillée par cette même attentive surveillante, pressée de s’informer si son Charles avait bien dormi. Élisabeth la vit, avec confusion, aider son mari à se lever, à s’habiller, tandis que celui-ci, tout gaillard, lui faisait part, en termes crus, de ses impressions de nouvel époux. La jeune comtesse, ébahie, ne put retenir ses larmes ; sa tante la sermonna sévèrement, prenant comme thème la nécessité, pour la petite roturière, de se plier aux exigences de sa nouvelle situation et d’adopter au plus vite les manières élégantes du milieu distingué où elle était appelée à vivre…

Telle fut la première initiation permettant à la jeune mariée de pressentir le genre des épreuves qui l’attendaient et auxquelles elle s’était imprudemment condamnée.