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préjugé de l’opinion mondaine. Pour qu’il ne fût pas dit que le comte de Normont s’alliait à la fille d’un petit épicier, on vendit le fonds de boutique dont on tira 1.500 francs. Leverd et sa femme habiteraient désormais chez leur gendre, c’est-à-dire chez madame de Mellertz, seule maîtresse de maison.

Le mariage fut célébré le 23 septembre 1802. Madame de Mellertz y assista, ne voulant point paraître désapprouver par son abstention une union dont elle augurait mal. Ce n’était pas son premier sacrifice : elle était accoutumée à l’abnégation, et confiait à ses amies que, dissimulant ses craintes afin de ne point gâter la joie de son Charles, elle se disposait à mettre en œuvre sa vieille expérience du monde pour éduquer sa nièce et faire d’elle une femme accomplie, digne du grand nom qu’elle allait porter.

Quand, le soir de ce jour solennel, Élisabeth Leverd, comtesse de Normont, entra dans la chambre nuptiale, elle y trouva sa tante de Mellertz qui, fidèle à de maternelles