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en était empêchée par le respect dû à la mémoire du meilleur des hommes, par le serment qu’elle lui avait fait à son lit de mort de donner de sages conseils à son trop faible fils. Que dirait-on d’elle dans ce monde dont elle avait conquis l’estime si elle tolérait un tel mariage ? À qui persuaderait-on qu’elle n’aurait pas poussé elle-même sa nièce dans les bras du comte de Normont, afin de détourner au profit de sa famille la fortune si bien gérée en quarante ans d’hypocrisie ? Et quelles chances de bonheur dans une telle union ? Il allait, à quarante-six ans, sur le point d’atteindre l’âge du repos et des infirmités, épouser une fille de dix-huit ans, sans éducation, sans usage du monde ! Elle introduirait dans son ménage le ton grossier des petites gens, des habitudes populacières, les goûts, et, sans doute, la prétention, les ridicules et les défauts d’une fille du peuple. Que penseraient les gens de la bonne société en apprenant que l’un des leurs, tenant à toutes les familles distinguées de la Flandre