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vivre dans un monde dont les préjugés et les habitudes lui étaient tout à fait inconnus.

Normont débita-t-il mal sa harangue ? Se trouvait-il si petit garçon en la présence de la vieille amie de son père, qu’il ne parvint pas à formuler les motifs de sa décision ? Toujours est-il que madame de Mellertz crut d’abord à une plaisanterie. Charles ayant piteusement attesté que rien n’était plus sérieux, l’implacable matrone lui démontra que son projet était insensé et qu’il allait commettre une irréparable sottise. En premier lieu elle lui demanda en grâce de ne compter pour rien la reconnaissance qu’il disait lui devoir ; sans doute elle serait flattée d’entrer dans la noble famille qu’elle servait avec constance depuis quarante ans ; elle serait heureuse de voir l’enfant de son frère recueillir un jour le patrimoine à la conservation et au rétablissement duquel elle avait consacré tant de soins et d’années ; mais sa conscience lui interdisait d’envisager même cet honneur et cette joie ; elle