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sa sœur et, la croyant encore dans l’opulence, de vivre sans doute à ses dépens.

Pour s’épargner une nouvelle visite de cet encombrant parent, madame de Mellertz préféra se rendre chez lui. Constant ne s’y trouvait pas ; elle fut reçue par madame Leverd qui la fit attendre dans une espèce de cuisine sans jour. La boutique, peu garnie, annonçait le désordre et la misère. Quand Constant rentra, il ne reconnut pas sa sœur : on s’expliqua ; ils s’embrassèrent et, tout de suite, en phrases pompeuses et avec de grands gestes, l’épicier entama le tableau de ses vicissitudes. La Révolution l’avait ruiné. Venu à Paris où il ne parvenait pas à gagner son pain et celui de sa famille, il succombait à la peine, poussant l’économie jusqu’à porter lui-même sur son dos les denrées qu’il achetait aux marchands de gros pour fournir son petit détail. Il fut si éloquent que la bonne madame de Mellertz s’attendrit jusqu’à verser des larmes. Alors Constant fit paraître sa fille : — un éblouissement !