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La confusion d’intérêts établie entre eux pendant les longs malheurs de l’exil les avait accoutumés à mettre en commun tout leur avoir. D’ailleurs Normont, en sa qualité d’émigré, mort civilement, était inapte à acquérir et à gérer ses biens et ce fut encore sa dévouée protectrice qui le sauva de la misère : les détenteurs de biens nationaux se montraient de composition facile ; craignant un retour de l’ancien régime, ils ne tenaient guère à des terres acquises pour quelques paquets d’assignats sans valeur et dont ils ne s’étaient jamais franchement considérés comme les légitimes propriétaires. Prenant les uns par les sentiments, les autres par l’intimidation, madame de Mellertz parvint, en quelques mois, à reconquérir une faible partie de l’ancienne fortune des Normont. Par malheur, l’État s’était emparé des grands bois de Liessies dont le revenu montait à 80.000 francs et il ne fallait pas songer à récupérer cette importante ressource. En 1799, riches, à eux deux, d’une quinzaine de mille francs