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de la royauté allait bouleverser ces plans si sages et si prudents.

Quelques mois ont passé : on est en 1793. Charles de Normont, en sa qualité d’aristocrate, a été arrêté ; emmené à Laon, gardé à vue ; Françoise, retirée au château de Dourlers, met tout en œuvre pour obtenir sa liberté. Il n’est pas sans exemple que le civisme de certains sans-culottes, tout-puissants pour l’instant, succombe parfois à des tentations pécuniaires. Madame Dervel dépense sans compter, moyennant quoi le ci-devant comte Normont, mal surveillé, saute par la fenêtre de sa prison, se foule le pied, s’évade tout clopinant, pour s’expatrier au plus vite et se réfugier sur les terres d’Empire. Le voilà émigré ; ses biens sont séquestrés au profit de la Nation, mais, du moins, sa tête est à l’abri. La citoyenne Dervel, n’étant point noble, imagine qu’elle n’a rien à craindre ; pour soustraire au grand naufrage sa propre fortune, elle se résout à ne point quitter Dourlers et y rassemble tout ce qu’elle possède