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la voir, en maîtresse de maison, recevoir, au château de Dourlers, les Sainte-Aldegonde, les Nédonchel, la présidente de Meslay, madame de la Bourdonnais, et aussi le lieutenant général commandant pour le roi la province, ainsi que les plus austères magistrats du Parlement. Madame Dervel tenait son rôle avec autant de réserve, que d’aisance et de distinction ; les charmes de sa figure et de sa conversation, sa parfaite habitude du monde, la réputation de ses hautes vertus, permettaient à tous d’oublier la façon dont elle avait été introduite dans ce milieu aristocratique, et les plus pimbêches douairières ne tarissaient pas d’éloges sur son désintéressement et l’élévation de ses sentiments.

Elle fut même réputée héroïque quand Charles de Normont, l’aîné de ses pupilles, ayant contracté la petite vérole, elle s’enferma dans la chambre du malade pour y rester à demeure durant cinquante-six jours et tout autant de nuits ; sans souci de la contagion qui pouvait ravager sa beauté,