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chaque jour de plus en plus ; elle gagnait, chaque jour aussi, en autorité et en influence. Le caprice de Normont se transformait en admiration pour cette enfant de dix-sept ans, si pudique, si laborieuse, si complètement dévouée et reconnaissante. Elle devinait ses désirs, dirigeait les domestiques, s’occupait avec une sollicitude toujours en éveil des enfants du comte dont l’aîné, Charles, avait à peine six ans. Les soins du ménage, le maintien d’une épargne rigide, d’une bienséante décence, remplissaient tout le temps de Françoise, si bien que Normont lui remit toute l’administration de sa fortune. Nul, dans la noble société où il fréquentait, n’ignorait sa situation irrégulière ; on s’était d’abord étonné qu’il eût osé installer chez lui, près de ses enfants, « une fille d’auberge, une souillon » ; mais il l’imposa à toutes ses relations ; pour mieux dire, elle s’imposa elle-même par une conduite si unie et si prudente, qu’elle s’attira l’estime, l’affection, voire la déférence de tous. Sur le désir de