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examiner ; le médecin constate une « convulsion d’estomac » ; sa mine est grave ; il prend la lumière en main, explore l’intérieur de la bouche, inspecte les ongles et se tait. En sortant, il attire Sophie sur le palier et la questionne ; il entre même à la cuisine, demande à vérifier le restant du bouillon ; mais Véronique l’a jeté dans la pierre à laver, et de l’eau par-dessus ; le bol qui l’a contenu est déjà rincé et essuyé…

Le jour suivant, Asselin revint et interrogea la malade : — « Vous éprouvez des craintes ? » Elle lui confia qu’elle était bien malheureuse, et, tout en pleurant, conta ses peines. Le docteur fit prier M. de Normont de lui accorder un instant d’entretien : — « Monsieur le comte, lui dit-il, voici les conseils d’un ami : votre femme a du chagrin ; sa maladie est morale ; je crois que vous êtes son meilleur médecin. Je ne suis pas dans l’habitude de donner des conseils, mais cette affection peut la conduire fort loin, je vous en préviens. » Le mari, l’air ennuyé, les regards à terre, ne trouva rien