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comte de Normont enleva sa conquête et Leverd ne s’avisa de la disparition de sa fille que lorsqu’il n’était plus temps de parer à son escapade. Connaissant la vie, d’ailleurs, il ne s’illusionna pas sur les sentiments du ravisseur et considéra Françoise comme à jamais perdue. Celle-ci ne tarda pas également à être fixée sur le genre d’affection qu’éprouvait pour elle, son sauveur ; il se révéla beaucoup plus galant que paternel, et quand elle comprit l’étendue de sa faute, cette faute était irréparable.

Par bonheur, le comte de Normont n’était pas seulement un entreprenant débauché ; soit que, malgré son demi-siècle d’âge, il gardât un cœur de jeune page et les tendresses fougueuses de sa vingtième année, soit que Françoise, de son côté, ne fût pas une Agnès mais une personne de grand sens et d’expérience hâtive, le ménage du gentilhomme et de sa compagne d’aventure prit bientôt les allures d’une union sérieuse et solide. Lui s’attachait