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de la détermination qu’il avait prise : il allait l’emmener dans un de ses châteaux et lui confierait la conduite de son ménage : veuf, à quarante-cinq ans, avec trois jeunes enfants, absorbé par ses relations mondaines et la gestion de sa grande fortune terrienne, il avait besoin d’une personne sûre à laquelle il remettrait la direction de son intérieur ; la petite Leverd serait à la fois son majordome, sa dame de compagnie, et la gouvernante de ses fils. En retour, il pourvoirait à tous ses besoins et lui assurerait dans l’avenir un sort convenable. La proposition était séduisante ; pourtant Françoise hésita ; son instinct l’avertissait confusément d’un danger soupçonné mais inaperçu. Normont insista ; ses arguments furent si convaincants, il paraissait si bon, si compatissant, si délicat, si réservé qu’il triompha sans difficulté des vagues appréhensions de l’innocente : elle consentit à partir avec lui. On négligea, bien entendu, de solliciter le consentement, — peu probable, — de l’aubergiste. Le