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résigne ; mais le baby ne progresse plus ; il s’étiole, et, quand Normont rentre de voyage, elle supplie encore son mari de l’arracher à cette existence intolérable. Normont n’a cure de ses pleurs ; il est tracassé maintenant par bien d’autres soucis, et plus graves : Julie est souffrante ! Elle se traîne, alourdie, dolente et morne. À certains indices, à la démarche de la malade qu’elle observe à la dérobée, Babet croit bien ne pas s’y tromper : cette fille sera bientôt mère. C’est une occasion sans pareille de se débarrasser d’elle ; mais, au premier mot touché à madame de Mellertz et à Normont, tous deux se récrient : — « Julie ! ce dragon de vertu ! Ce modèle de bienséance et de sagesse ! Quelle calomnie ! Voilà bien les imaginations folles qui hantent le cerveau de la fille Leverd !… Elle voit partout le mal et prend ses lubies pour des réalités. » Bref, il est prononcé que l’honnête Julie est atteinte « d’une fièvre inflammatoire », très grave, et que le mal est dû aux avanies qu’on lui inflige, aux injustes