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elle en avait été retirée brutalement par son père qui voulait faire d’elle une fille de chambre ; elle ne pouvait s’habituer à son nouvel état et regrettait l’élégante et douce quiétude du cloître. Les gens parmi lesquels elle vivait étaient vulgaires et rudes ; ses frères la traitaient mal ; ses parents exigeaient d’elle des travaux répugnants et la contraignaient au service des voyageurs, ce qui exposait la pauvre fille aux grossièretés, pis encore, aux amabilités de passants dénués de scrupules. Bref, elle prenait la vie en dégoût et s’épouvantait de l’avenir.

Le comte de Normont, plus intéressé peut-être par la beauté de Françoise que par son récit, la consola de son mieux, promit qu’il s’occuperait d’elle, à la condition qu’elle ne dirait mot à personne de ses bonnes intentions. Françoise jura le secret ; sur quoi le gentilhomme s’engagea à revenir bientôt pour la tirer de sa misérable situation. Il reparut, en effet, au bout de quelques jours et fit part à la jeune fille