d’inspirer toute confiance et qui était la belle-sœur de la cuisinière Véronique. Prise de peur à la pensée que le bataillon de ses ennemis allait se grossir d’une nouvelle recrue, Babet refusa avec horreur, protestant qu’elle était décidée à nourrir elle-même son enfant. Madame de Mellertz, froissée, affecta de considérer cette détermination comme une nouvelle lubie de sa quinteuse nièce, et, par dignité, se confina durant quelques jours dans sa chambre. Ces bouderies avaient un but, car la dame ne faisait rien sans motif : Normont qu’elle tenait en lisière, bien qu’il approchait de la soixantaine, saisissait l’occasion de ces dissentiments pour exhorter sa femme à la soumission. Cette fois, et toujours à l’instigation de madame de Mellertz, il conseille à Babet, pour regagner les bonnes grâces de sa tante, d’adresser à celle-ci une lettre « bien désordonnée, bien folle, bourrée de puérilités ; la bonne tante, attendrie à l’idée que sa nièce déraisonne, portera les manquements de Babet au compte d’une crise d’aliénation
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