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Mellertz ne cachait pas son irritation ; Normont boudait sa femme ; Julie, qui servait, manifestait brutalement son dépit ; échangeant avec le comte des signes d’intelligence, elle cassa une carafe et cogna la tête de madame de Normont en passant à celle-ci une assiette. La pauvre Babet refoulait ses pleurs ; elle craignait pour elle ; elle craignait plus encore pour son enfant, terrifiée par les irréductibles animosités dont elle se sentait entourée.

Elle n’était pas seule à craindre : on possède une lettre, adressée à Leverd par un certain sieur Martin, receveur des domaines à Maubeuge ; ayant appris que madame de Normont attendait un héritier, il écrivait, se faisant, c’est évident, l’écho de ce que l’on pensait dans le Nord : — « J’espère que la santé de la jeune mère se maintiendra… Mais il pourrait se faire que son état dérangeât beaucoup de projets et de calculs ; je pense que madame Leverd ne devra pas la perdre de vue et redoubler de soins et de surveillance, si cela est possible… »