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l’escalier ; jamais Babet n’en fermait la porte afin que l’on pût venir à son appel, en cas qu’elle fût prise d’un malaise. Rentrée chez elle vers neuf heures, elle se dévêtit, se coucha et s’endormit presque aussitôt. Il lui semblait avoir sommeillé longtemps quand un bruit dans la chambre et la sensation que quelqu’un remuait auprès d’elle la réveilla. Elle entr’ouvre les yeux : une lueur crépusculaire dessine sur le mur, derrière son lit, l’énorme silhouette « d’un homme noir » dont le bras s’avance en un geste menaçant. La malheureuse, glacée et muette d’effroi, tourne la tête : l’homme est là, bien vivant. Masqué, vêtu d’un costume militaire, il porte de la main gauche une lanterne sourde et, de la droite, enveloppée de linges sanglants, il tient pointé entre les deux seins nus de la dormeuse un poignard effilé. Un autre homme, pareillement habillé d’une veste de soldat, bleue à revers rouges, et muni, lui aussi, d’une lanterne sourde, ouvre les armoires et fouille les meubles. Percluse