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DORURE ET GAUFRURE.

Page 301. Fers italiens. Empruntés, comme les précédents, aux monuments de la typographie, plus particulièrement à ceux d’origine italienne. On les appelle aussi aldins, parce que les éditions des Alde, célèbres imprimeurs de Venise, en ont fourni de nombreux motifs. Ils caractérisent également la fin du quinzième siècle et, en outre, le commencement du siècle suivant. Ils furent d’abord pleins ; mais si, tirés en noir dans l’intérieur des livres, ils faisaient un bel effet, on trouva bientôt qu’ils étaient lourds sur la couverture, parce qu’ils donnaient en or des masses trop grandes, et l’on chercha à les rendre plus légers. Leurs contours furent respectés, mais on les allégit en les remplissant de fines hachures. Cette innovation produisit les fers azurés, qui abondent dans les reliures contemporaines de Grolier, dont ils sont une des marques distinctives. À la même époque, d’autres artistes, ne la trouvant pas suffisante, évidèrent complétement les fers, de manière à n’en plus laisser que les contours. Ces nouveaux fers reçurent le nom de fers à filets, et ils partagèrent avec les précédents, la faveur des bibliophiles.

C’est en Italie, à la fin du XVe siècle, c’est-à-dire : dès les premiers développements de l’imprimerie, qu’est née la reliure moderne. Nos bibliophiles en durent la connaissance aux grandes guerres de Charles VIII, Louis XII et François Ier. Jean Grollier, de Lyon, celui d’entre eux qui contribua le plus à en répandre le goût en France, était trésorier des guerres et intendant de l’armée du Milanais à l’époque de ce dernier prince, et il profita de son séjour à Milan pour commencer la formation de sa célèbre bibliothèque.