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DORURE ET GAUFRURE.

on gratte et l’on polit, puis, avant d’appliquer l’or, on mouille la tranche avec un peu d’eau pure, et l’on appuie les feuilles d’or comme il a été dit. Enfin, quand celles-ci sont sèches, on polit avec la dent de loup.

Dans le système de Mairet, on procède comme il suit :

« La première opération de la dorure se fait en rognant le volume, sur la tranche duquel on passe, au pinceau, avant de le sortir de la presse, une bonne couche de décoction safranée. Ce liquide, qu’on emploie tiède, se prépare en faisant bouillir dans un verre d’eau une pincée de safran du Gâtinais ; puis en ajoutant à la décoction retirée du feu, gros comme une noisette d’alun de roche pulvérisé, et un peu moins de crème de tartre. On met cette couleur sur chaque côté du livre à mesure qu’on le rogne, et avant de desserrer la presse, afin que la couleur ne pénètre pas trop profondément, ce qui pourrait tacher les marges.

« Quand la tranche est bien sèche, on la serre entre deux ais étroits, dans la presse à endosser, en faisant pencher la gouttière un peu du côté de la queue, et les bouts du côté du dos. Cette précaution est nécessaire pour que la couleur s’écoule de manière à ne rien gâter. Alors on gratte la tranche pour la dresser et l’unir parfaitement, tout en ayant, soin de ne pas la toucher avec les doigts, dans la crainte de la graisser et d’empêcher l’or de tenir.

« On s’occupe ensuite d’une autre opération. On pile dans un vase plusieurs oignons blancs, et l’on en exprime le jus dans une grosse toile. Alors, sur la tranche grattée et brunie à l’agate, on donne successivement trois ou quatre couches de jus d’oignon ;