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COLLES.

ployé plus ou moins d’eau. Cette matière est la gélatine ; en cet état, elle a encore besoin d’être clarifiée. À l’état de pureté, elle est douée d’une force adhésive considérable. L’eau froide la gonfle, l’amollit et la rend opaque, mais sans la dissoudre. Il est donc avantageux de la plonger d’abord en morceaux dans de l’eau froide, pour la débarrasser des sels solubles qu’elle peut renfermer, puis de la faire dissoudre dans une nouvelle eau à une chaleur douce. Les colles de première qualité absorbent jusqu’à six fois leur poids d’eau ; celles du commerce l’absorbent environ trois fois, et les colles de basse qualité en absorbent encore moins.

Aussitôt qu’il commence à s’en servir, c’est-à-dire après avoir encollé le dos d’un volume, le relieur peut se rendre compte de sa qualité, d’après l’encollage de la veille. Si, en arrondissant le dos pour former la gouttière, les cahiers prennent la courbure voulue sans que la colle se fendille, ou si elle ne s’écaille pas sous le marteau, elle est de bonne qualité. Si, au contraire, lorsque le dos est arrondi, des parcelles de colle s’en détachent, que le tas à arrondir se couvre de pellicules, ou qu’en appliquant sur le dos du volume la main humidifiée par l’haleine on l’enlève chargée d’une poussière fine formée par la colle, il n’y a pas à hésiter, il faut la rejeter : un travail fait avec un produit semblable ne peut avoir la moindre solidité. Les colles de Lyon remplissent les conditions voulues pour faire un bon travail.

Pourtant, toute règle n’étant pas sans exception, on doit faire une réserve pour le collage des toiles françaises et anglaises, qui réclament l’emploi de colles dont l’adhérence et la siccativité soient très rapides ; ces conditions sont absolument indispen-