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POÈMES ÉPARS

l’abbé Camille Roy, « révélant une inspiration réelle et séduisante ». Il est permis de croire que, si Lenoir eut vécu, il aurait facilement éclipsé tous ses prédécesseurs et que son nom, sur nos rives, serait aujourd’hui célébré à l’égal de ceux des Crémazie et des Frêchette.

Telle qu’elle est, l’œuvre de Lenoir est remarquable pour l’époque et méritait d’être mise au jour. Les manuels d’histoire littéraire mentionnent son nom avec éloges, mais, jusqu’ici il était impossible aux étudiants de juger par eux-mêmes ce pionnier de notre littérature. Tous, n’ont ni les moyens, ni la patience de compulser des collections de journaux ou dispendieuses ou encombrantes.

Crémazie mourut sans que personne ne s’émeuve, mais deux ans à peine s’étaient écoulés que déjà la main amie de l’abbé Casgrain donnait au public canadien le Recueil choisi des poésies et des lettres du poète mort en exil. Trente ans de vie dans la mémoire du peuple ont suffi pour donner au chantre de la patrie, un monument, non dans sa ville natale, mais dans un des squares de la métropole du Canada.

Pauvre Lenoir, toi, que toutes les gazettes du temps ont pleuré, comme une perte nationale tu n’as pas depuis cinquante ans, trouvé parmi les témoins de ta vie, les contemporains de tes chants, une main pieuse pour réunir ton œuvre éparse, pour élever à ta gloire le modeste monument d’un livre[1].

  1. Huston, dans son Répertoire National du vivant de Lenoir avait réuni quelques pièces parues avant 1848.