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la harpe magique

Hélas ! sous cette forte étreinte,
La harpe d’or se détendit:
Il en jaillit comme une plainte
Qui longtemps au loin s’entendit.
Cette douleur, douleur suprême,
Pleine de sons tristes et doux,
Eût attendri cet homme même,
Si son cœur n’eût été jaloux !

Ces voix par les airs envolées
Jamais plus ne nous reviendront ;
Les jours, ni les nuits étoilées
Jamais plus ne nous les rendront !
C’est en vain qu’une main amie
Cherche à réveiller ses accords;
La harpe demeure endormie
Près du torrent aux sombres bords !

Regarde ! l’instrument sonore
Que tes doigts viennent d’outrager,
Sans toi nous charmerait encore
Imprudent et fort étranger !
Pleure ! et suivant une autre voie,
Oh ! puisses-tu te repentir :
C’est un bonheur, c’est une joie,
Que tu voulus anéantir.


Montréal, juillet 1858.