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POÈMES ÉPARS

Et tout cela, pourquoi ? Parce que dans tes îles,
Ne souille pas qui veut les hommes, les asiles !
Ta loi, garde sévère, a le glaive à la main !
Elle veille partout, partout est forte et digne,
Frappe l’audacieux violant sa consigne,
Et commande aux bourreaux de passer leur chemin !

Les bourreaux de l’Europe ! Oh ! que leur face est sombre !
Tu ne saurais jamais en supputer le nombre,
Tant ces chiffres hideux t’inspireraient d’horreur !
Tant l’odeur du gibet dont s’imprègne leur haine,
Soulève de dégoûts de la poitrine humaine ;
Tant ils sont laids à voir dans leur lâche fureur !

Malheur aux nations qui sucent ces vampires !
Leur étreinte fatale écrase les empires !
Rome se disloquant sous le genou puissant,
La Pologne, n’est plus qu’une esclave avilie,
Le Cosaque, en riant, voit râler l’Italie,
Bonaparte fusille et s’enivre de sang !

Mais l’émeute viendra ! Son ardente colère
Éclatera sur eux comme un coup de tonnerre !
Et les trônes dorés des rois s’écrouleront !
Et tu les recevras, ô tranquille Angleterre,
Honteux, la rage au cœur, chassés de toute terre !
Prends bien garde, pourtant ! leurs doigts t’étrangleront.

Montréal, 24 décembre 1853.