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ANGLETERRE

1853

Angleterre

On te reproche à toi, magnanime Angleterre,
D’ouvrir tes larges bras aux proscrits de la terre ;
De les laisser en paix sur ton sol protecteur !
De donner sanction, toi, juste monarchie,
Aux projets factieux, au crime, à l’anarchie ;
De prêter ton égide à tout conspirateur !

Le fanatisme, assis sur les chaînes qu’il forge,
Te signale aux passants, comme un noir coupe-gorge,
Où restent impunis meurtres et trahisons !
Tu n’es plus, selon lui, qu’un immonde élysée,
Où jubile la honte, où la vertu brisée,
Laisse au vice maudit d’immenses horizons !

Ceci n’est rien encore et peut trouver excuse !
Ton forfait le plus lourd, celui dont il t’accuse,
C’est d’ourdir un complot contre l’humanité !
Tes démocrates pairs et tes nobles communes,
Ne servant, hurle-t-il, que tes basses rancunes,
Sont les vils instruments que meut ta vanité !

Et, pour joindre le fait à la stupide insulte,
Il jette de la boue aux prêtres de ton culte ;
D’un stigmate infamant il te marque le front !
L’Espagne, sous son pied se ployant tout entière,
Aux cadavres anglais refuse un cimetière !
De chétifs roitelets te prodiguent l’affront !