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1848

La mère Souliote

(traduit de l’anglais)

C’était au temps du célèbre Ali de Tebelen, Pacha de Janina. L’armée turque avait envahi les défilés des montagnes de Souli. Son approche avait contraint un grand nombre de femmes de ce pays de se réfugier sur un pic élevé. Là, on dit qu’elles se prirent à chanter des chants de fête ; et que, quand l’ennemi fut en vue, elles se précipitèrent, elles et leurs enfants, du sommet du rocher, pour éviter de devenir les esclaves des Ottomans.

 Du roc perdu dans le ciel bleu
 Elle était sur la large cime !
 Elle souriait à l’abîme,
 Son œil noir s’injectait de feu !
« Le vois-tu, disait-elle, enfant, sous les pins sombres ?
Vois-tu sa claire armure étinceler, là-bas ?
Vois-tu son fier cimier ondoyer, dans les ombres ?
Doux fils, que je berçai sur mon cœur, dans mes bras,
Pourquoi tressailles-tu ? Cette vue, Ô misère !
 Te coûta, l’autre jour, un père ! »