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ACTE 3, SCÈNE 4

parlant de la mort comme un enfant nerveux.) La mort c’est encore elle seule qu’il faut consulter sur la vie, et non je ne sais quel avenir et quelle survivance où nous ne serons pas. Elle est notre propre fin, tout se passe dans un intervalle d’elle à nous. Qu’on ne me parle pas de ces prolongements illusoires qui ont sur nous le prestige enfantin du nombre, qu’on ne me parle pas à moi qui mourrai tout entier, des sociétés et des peuples ! Il n’y a de réalité, il n’y a de durée véritable qu’entre un berceau et une tombe. Le reste est grossissement, spectacle, optique vaine. Hélène ! ils m’appellent un maître à cause de je ne sais quels prestiges de mes paroles et de mes pensées, mais je suis un enfant éperdu devant la mort. (Il s’est agenouillé, se passe désespérément sur le visage les mains de la jeune fille.) Et si je vais à elle avec ce désespoir, c’est que je pars inassouvi. Oui, moi qui ai gagné cette adoration, ce cœur innombrable de la gloire, je fus aimé comme le premier venu (la regar-