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LES AFFRANCHIS

En vous fuyant, Philippe, je n’aurais même pas cette consolation d’avoir bien fait. Je serais capable de me demander jusqu’à mon dernier souffle pourquoi, pourquoi j’aurais fait cela ?

Philippe, avec fatigue.

C’est à moi que vous demandez un précepte ? J’ai passé ma vie à démontrer l’insuffisance de l’ancienne morale, la nullité de son système de persuasion. Et pourtant… moi aussi, grand Dieu, je ne demande que l’ordre et la moindre souffrance. Je puis encore fournir un effort, un sacrifice, mais pas au hasard, mais pas en vain ! Si j’étais un homme simple, je nous briserais tous les deux, et je mettrais mon devoir à tourner au commandement de la chambrière. Dieu me pardonne, la chose serait facile comme tous les suicides ! Mais moi, Hélène, en vous sacrifiant, en vous perdant comme cet homme, je ne me croirais pas exempt d’un crime, je ne serais pas certain de n’avoir pas