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SAINT-JUST

chaque jour au Comité jusqu’à son départ pour l’Alsace, et s’il est assez délicat de passer outre à la discrétion de Saint-Just, je crois que Mme Thorin a tenu dans sa vie une place plus persistante qu’on ne l’a cru et, précisément, étant donné la légende, il n’est pas sans intérêt de le constater. Voici les deux lettres relatives à l’enlèvement.

Le 2 septembre 93, Thuillier, un ami de Blérancourt employé aux approvisionnements des armées, donne à Saint-Just des renseignements enthousiastes concernant ses bonnes opérations dans l’achat des haricots et des pois militaires, puis il dit :

J’ai des nouvelles de la femme Thorin et tu passes toujours pour l’avoir enlevée. Elle demeure hôtel des Tuileries, vis-à-vis des Jacobins, rue St Honoré. Il est instant pour effacer de l’opinion publique la calomnie que l’on a fait imprimer dans le cœur des honnêtes gens de faire tout ce qu’il convient pour conserver l’estime et l’honneur que tu avais avant cet enlèvement. Tu ne te fais pas idée de tout ceci, mais il mérite ton attention.

Adieu, mon ami, la poste me presse. Fais pour l’ami tout ce que tu lui as promis.

Ton ami pour la vie.
Thuillier

Hamel voit dans cette lettre l’acquittement de Saint-Just puisqu’on y donne l’adresse de la