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SAINT-JUST

L’orphelin pleure ; ah ! je ne suis pas Roi !
Si je l’étais, tout changerait de face ;
Du riche altier qui foule l’indigent,
Ma main pesante affaisserait l’audace,
Terrasserait le coupable insolent,
Élèverait le timide innocent,
Et pèserait, dans sa balance égale,
Obscurité, grandeur, pauvreté, rang.
Pour annoncer la majesté royale,
Je ne voudrais ni gardes, ni faisceaux.
Que Marius annonce sa présence
Par la terreur et la clef des tombeaux ;
Je marcherais sans haches, sans défense,
Suivi de cœurs, et non pas de bourreaux.

Comme l’emprisonnement à Picpus, les rapports de Saint-Just et de Mme Thorin ont été passés sous silence dans la biographie de Hamel. C’est une brochure imprimée à Saint-Quentin en 1878 qui, une seconde fois, vint confirmer les allégations du premier historien. M. Abel Patoux avait retrouvé, aux archives de la commune de Blérancourt, quelques pièces relatives au divorce Thorin[1] et consulté la tradition locale.

  1. Je n’ai jamais pu retrouver ces pièces. J’ai cherché de ma propre main dans ces archives à l’abandon. Les registres des délibérations de la commune de Blérancourt manquent de mai 1793 à mars 1815. Dans aucune étude du pays on ne possède les actes relatifs au divorce Thorin. Le seul acte de divorce est conservé au greffe de Blérancourt.