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LES ANTÉCÉDENTS

Pour nous et du point de vue où nous nous sommes placés, cet ouvrage nous intéresse par ses effets d’ironie[1].

Vois-tu le Temps ? Sa course fugitive
Nous avertit de jouir et d’aimer.
Écoute bien. La vie est une rose
Qu’épanouit et fane le Zéphyr,
Le char du Temps ne fait aucune pause
Que celles-là qu’il fait pour le plaisir.
Tout nous le dit : Oui, la vie est un songe
Les yeux fermés, rêvons tranquillement,
Par les erreurs le plaisir se prolonge
Et le sommeil est moins indifférent.
Dans les amours, passons notre jeunesse ;
Allons brûler à l’autel des plaisirs,
Et dans nos cœurs durcis par la vieillesse,
Préparons-nous d’aimables souvenirs.

Et surtout :

Je veux bâtir une belle chimère ;
Cela m’amuse et remplit mon loisir,
Pour un moment, je suis Roi de la terre ;
Tremble, méchant, ton bonheur va finir.
Humbles vertus, approchez de mon trône ;
Le front levé, marchez auprès de moi ;
Faible orphelin, partage ma couronne…
Mais, à ce mot, mon erreur m’abandonne ;

  1. Nous ne l’analyserons pas, les premiers biographes s’y étant fort étendus.