Page:Lenéru - Saint-Just, 1922.pdf/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
LES ANTÉCÉDENTS

à l’autre égale en style, curieuse, menaçante, anormale. Dilettantisme à part, peut-être rendrait-on mieux à Saint-Just ce qu’on lui doit ; en acceptant telle quelle l’aventure et reconnaissant que, si le jeune homme a très mal commencé, il faut lui savoir gré de cette puissance de conversion égale en brutalité, en soudaineté, à la manière habituelle dont il procédait.

Le dossier de cette affaire nous présente encore un Saint-Just très jeune, prenant son parti de ne point justifier, de ne point expliquer « une sottise », se tirant de sa vilaine histoire le plus exemplairement du monde, à cela près qu’il applique ses loisirs et les méditations cellulaires au plus grand amendement d’un poème licencieux.

Voici la lettre que reçut un jour « Monsieur le Chevallier d’Évry, officier au garde, en son hôtel rue Vantadour » :

Monsieur,

Je me trouve dans une peine incroiable et j’espere que vous voudrez bien vous preter a ladoucir et me rendre service. Mon fils et venue passer chez moi quinze jours, et il en ai parti la nuit (de) Vendredi au Samedi dernier a mon inseu pour ce rendre a Paris, emportant avec lui une ecuelle d’argent neuve, marqué a une E et une R ; un goblet d’argent a pied relevez en bosse marqué au nom de S.-Just ; une timbale a